La liberté d’expressions des Trolls

billet

anonymat 1Liberté d’expression… En ce temps d’hommages multiples aux victimes de cet opus operandi, que penser de celles et ceux qui s’expriment par l’éloge ou la critique derrière un anonymat à 2 temps ?

Certes chaque individu a le droit et quelques fois le devoir de souligner, de dénoncer les actes répréhensibles et les dérives de certains d’entre nous. Mais s’il est commode de le faire derrière son écran, avec les divers modes mis à notre disposition grâce à Internet, a t’on réellement besoin d’anonymat pour être lu et entendu? D’aucuns vont brandir le « droit fondamental reconnu par la Commission Européenne de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales »  pour se cacher derrière des articles incontestablement bien écrits mais effectuant quelques entorses à la réalité, et surtout faisant preuve d’une mauvaise foi évidente. D’autres au contraire, donnent le minimum d’informations sur eux, auteurs, et crédibilisent davantage les sujets abordés.

Pourquoi prôner l’anonymat comme meilleure façon de présenter l’information ? Pourquoi prêter aux lecteurs un manque de discernement, d’esprit critique, d’intelligence en fait ? Pourquoi le soupçonner de filtrer une information si elle est signée ? Une information claire, construite, honnête, avec parti pris, (c’est permis aussi) mais affichée sans dérision ni affabulation sera toujours reçue avec intérêt. Surtout si l’auteur ne craint pas d’assumer son identité. En revanche le contraire donne envie de suspecter le contenant et le contenu. Peut-être à tord mais c’est un fait. Le lecteur a la liberté d’être en désaccord, de contester les prises de positions de l’auteur. Il possède aussi le droit d’apprécier le fond et la forme de tels ou tels articles consultés. Le face à face entre le lecteur et l’auteur est facteur de confiance. Le plus curieux provient de ces anonymes qui se posent en victime d’une incompréhension, voire plus, d’une injustice en questionnant « Notre anonymat est-il répréhensible ? » Justifier leur anonymat en arguant d’une  lecture plus objective, moins sous le coup de l’émotion, engendre obligatoirement le sentiment que l’on se moque totalement du lecteur. A ce petit jeu, on se demande qui se lassera le premier.

Quel journaliste, écrivain, critique aurait envie ou besoin de se cacher pour faire passer un message ? Car c’est bien là l’objet du délit. Le message ! Donner son avis sur une pièce de théâtre, un livre, un sujet de société, un fait divers peut provoquer controverses. Mais quand il s’agit de politique, c’est la guerre ! L’anonymat dans certaines régions du monde est compréhensible car le contraire serait dangereux pour les auteurs. Mais en France, via des blogs ? C’est vrai que pratiquer l’anonymat permet le trollage , « dénoncer, par l’ironie et l’absurde, des comportements pouvant porter à polémique  » Car on peut suspecter légitimement à la lecture de certains articles l’honnêteté des sources, des propos. Mais non, l’anonymat n’est pas répréhensible, il est simplement mieux adapté aux pratiques de certains, ce qui ne les rend pas forcément plus crédibles et certainement pas dignes d’une confiance aveugle. Pas de procès en vue, pas de jugement erroné, pas de prison.  Tout ceux qui savent écrire peuvent le faire. Seulement, dans ces cas là, c’est souvent à 2 vitesses puisqu’en cas d’attaques, de critiques, de dérisions l’attaquant avance caché et la cible, nommée. Protection de la vie privée et professionnelle des blogueurs ou autres anonymes ? Oui mais qu’en est-il de celle des visés ? La liberté d’expression, oui et encore oui. Mais à quand des débats constructifs à visage découvert ? A moins que ces super héros masqués craignent de s’auto censurer une fois …démasqués. Et de retourner malgré eux dans l’anonymat. Ce qu’un troll ne supporte que s’il l’a décidé lui même !

                                                        BBC